Conversation entre moi et moi

Réflexion…

Ainsi donc, Georges COCKS (qu’il me plaît de surnommer Georges le prolifique), écrivain francophone d’ascendance Saint-Martinoise poste sur sa page Facebook un morceau plein d’émotions contenues : « Je suis dit-on

Je suis le gorille venu d’Afrique, le primate arboricole, le paresseux des Amériques, la Vénus noire aux rondeurs difformes, qui suscite les fines moqueries… Je suis fondamentalement un nègre, fils de Dieu comme toi qui me hais encore, je suis le pardon de tes péchés car je ne ressens plus les coups de fouets et je ne peux voir les marques dans mon dos. Je ne les touche plus car j’ai fait la paix avec moi pour vivre en paix avec toi. »

Et il me vient à l’esprit que cette conversation entre son « je » du début et son « toi » de la fin, je pourrais tout aussi bien l’avoir entre moi et moi… et dans la caraïbe métissée nous sommes certainement très nombreux à pouvoir le faire. Faire notre part de l’oeuvre de réconciliation entre les descendants des victimes et les descendants des oppresseurs et leurs collaborateurs.

Mais veut on vraiment d’une quelconque réconciliation collective ? Et si on commençait par la réconciliation de l’individu avec lui-même ?

Ma grand-mère paternelle était la fille de Daniel Beauperthuy, grande famille du Royaume de France. Mon grand-père maternel était le fils de Martine DESSOUT. Celle-ci avait des cheveux crépus, crépus, crépus.

J’ai la peau « chappé » qui rend évident cette ascendance dans des ethnies différentes. Et les deux coexistent en moi, sans drame permanent, apparemment. Mais je connais des noirs qui renient le peu de part blanche qu’ils pourraient avoir. Et nombreux sont ceux qui ont un phénotype blanc et cachent le peu de part nègre qu’ils portent en eux.

Et je comprends bien qu’un des partis en moi à toutes les raisons de reprocher à l’autre, toutes les atrocités que ses ancêtres ont commis… et ce parti entends déjà l’argument que c’est l’autorité morale suprême de l’Europe de l’époque, le Pape lui-même qui l’a décrété : le nègre, paien par définition, devait être mis en esclavage… et le parti nègre de défendre : facile, trop facile. Et ta conscience, l’as tu même interrogée ? Et si le Pape avait décrété que le 3e enfant de chaque famille devait être décapité, n’aurais-tu pas plutôt cherché à cacher l’existence de ton 1er fils si c’était le 3e enfant. Ainsi donc, l’occasion n’a-t-il pas fait le larron ? Et j’entends le parti blanc argumenter : Si leurs frères nègres ne les avaient pas capturés et vendus jamais nous n’aurions réussi si bien notre entreprise. En vérité dit l’autre, les collabos n’ont pas de race, n’ont pas de classe, n’ont pas d’état d’âme, Il en était ainsi pour pour les marchands noirs de nègres, il en étaient ainsi aussi pour certains européens de France en 39-45. Ce n’est pas une excuse face à l’Histoire.

Et si donc je suis bien le résultat de ce qui s’est passé dans mes passés, (que je ne saurais ni modifier ni effacer), ce que je serai et ce qu’on retiendra de moi ne dépends que de ce que je ferai aujourd’hui, pour participer à la construction d’un avenir, à partir de mon présent, tel qu’il est.

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