(Une courte analyse)
Ce matin là, la plupart d’entre nous ne s’y attendait pas…Sandy-Ground était barricadé.
La révolte menée par des jeunes de ce quartier allait rapidement s’étendre à Quartier d’Orléans, Grand-Case, Saint-James et même au village de Rambaud, preuve s’il en faut que la raison de la colère concernait tout le territoire.
Et c’est bien la facilité, la rapidité et la radicalité avec laquelle la révolte s’est étendue qui doit nous interpeller. La situation doit retenir notre attention et doit être traitée sérieusement… Ceux qui manifestent ainsi ont trouvé que c’était le meilleur moyen d’exprimer leur colère, leur frustration et leur angoisse face aux incertitudes qu’ils perçoivent et qui perdurent, quand à leur avenir, et face à l’injustice dont ils s’estiment victimes.
Les manifestations de cette nature cherchent à attirer l’attention des responsable et à leur faire comprendre que la situation est plus grave qu’il n’y paraît.
Ces manifestations sont gênantes pour tout le monde et on a le droit de ne pas être d’accord sur la forme, mais ce n’est pas une raison pour faire preuve de mépris et de condescendance en décrivant les protestataires comme une bande de sauvage… et les réseaux sociaux ont servi d’exutoire à quelques personnes venues ici à la recherche d’un paradis sur terre pour eux, alors qu’il suffirait qu’ils chassent leurs vieux démons de leurs esprits pollués pour trouver le paradis dans leurs têtes…ou alors ils pourraient aller se faire voir à Baghdad.
Le PPRN est d’intérêt public. Il concerne tout le public. Il est indispensable. Le sentiment qui prévaut aujourd’hui est que son élaboration ne s’est pas faite en toute transparence, il donne l’impression d’une certaine injustice de traitement et génère une angoisse existentielle…
1 – Quid de la fiabilité des données qui fondent la cartographie des zones à risque ?
2 – Pourquoi ici en rouge et pas quelques mètres plus loin ?
3 – Comment déplacer des centaines de familles hors de leurs lieux de vie séculaire ?
…Tout ceci sur fond d’animosité évidente et interpersonnelle entre le Président local et la représentante de Paris…ce qui ne facilite pas la compréhension des choses par la population.
Et quand des réponses acceptables auront été actées pour le PPRN, il va falloir s’occuper du reste… c’est à dire de l’apparente injustice entre ceux qui ont beaucoup et semblent favorisés par le système et ceux qui n’ont rien et donc rien à perdre.
Comment comprendre ce chômage si important au moment ou la reconstruction nécessite une main d’oeuvre si nombreuse? Stratégie de formation inadéquate, peut-être, mauvais partage de la ressource travail, certainement, responsabilité sociale des entreprises de tailles moyennes mal assumée, souvent.
Comment compenser l’absence d’équipements sportifs et culturels essentiels qui permettaient de satisfaire (à peine déjà) les besoins en ces domaines de tant de monde : Stade de Sandy-Ground, salle Omnisport de Galisbay, Stade de Quartier d’Orléans, médiathèque de Concordia, centres culturels de Sandy-Ground et de Grand-Case, et autres plateaux sportifs.
Comment le gouvernement va -t-il s’organiser pour que certains quartiers ou certaines catégories de population n’aient pas le sentiment d’être oubliés par le train qui passe avec des privilégiés qui ne les observe même pas… pas une parole d’encouragement, pas un geste de solidarité, seulement du mépris, ce mépris qui alimente une logique de confrontation contre productive à toutes tentatives de conciliation sociales.
Ce sont ces blocages sociaux et ces barrages économiques et culturels qui ont conduits à la révolte du pont de Sandy-Ground. En prendre conscience est le premier pas d’une longue marche vers le progrès que chacun est droit d’attendre.