Une des conséquences des grèves en France est la perturbation des approvisionnements des supermarchés antillais, y compris ceux de Saint-Martin.
C’est probablement le cas aussi pour d’autres territoires de la Caraïbe
La note d’information affichée sur les rayons vides m’a semblé surréaliste : rupture d’approvisionnement pour cause de grève de docker à Marseille. (et de mauvais temps).
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…opportunité pour nous de nous interroger sur notre trop grande dépendance sur des containers venus de l’extérieur et de si loin pour que soient assurés les besoins les plus élémentaires de l’homme : boire de l’eau, se nourrir et se couvrir.
Au moment ou ici et la on se pose des questions sur le degré d’autonomie dont devrait bénéficier nos îles, au moment ou les « nationalistes » se posent la question (légitime) de l’indépendance politique, au moment ou les forces financières mondialisées prennent de plus en plus de pouvoir, nous nous devons de prévoir au mieux notre « moindre dépendance » à ces facteurs tout a fait hors de notre contrôle. C’est d’autant plus important que nous ne sommes qu’une petite île, avec peu de ressources naturelles exploitables a grande échelle.
Mais il est certainement utile et possible de mieux couvrir nos besoins en eau et en nourriture.
Pour ce qui concerne la nourriture, « Miss Yvonne » Richardson (1907… 1997) raconte dans une interview accordée à un journal local :

… et les anciens de Colombier se souviennent encore des marchandes qui se rendaient à Philipsburg ou a Marigot pour vendre leur « provisions »
… et je me souviens moi-même du lait frais produit par Elie Fleming sur sa propriété de « Loterie Farm », …et chacun peut encore aujourd’hui voir la qualité du bétail dans la savane de Rex Allen (paix à son âme), en passant au rond point de cul de sac.
… et les anciens de Marigot se souviennent encore que les bœufs parqués sous le « sand box tree » pour être exportés vers la Guadeloupe devaient nager dans la baie pour être embarqués sur les navires à voile Marie-Stella ou Ipana, plus tard, le Radar qui était motorisé… et tout cela il y a moins de cent ans
Il me semble donc possible de développer et d’organiser des filières de production agricole (à la taille du territoire) qui seront inclus dans les circuits commerciaux avec un branding « produit local de qualité bio », puisque, Chlordécone et autres produits dangereux pour la santé n’ont pas été utilisés sur les sols de Saint-Martin… confirmant ainsi la bonne réputation de « capitale gastronomique » de la caraïbe qui peut faire valoir la fraîcheur et la qualité supérieur des produits utilisés. Il serait aussi de bon sens que nous prenions l’habitude de faire pousser, chacun dans son jardin, quelques fruits et légumes à usage familial.
La question de l’eau est importante, a la fois pour l’agriculture et pour la consommation humaine. Il n’y a pas de rivières mais il y avait quelques sources et il y avait de nombreux puits, creusés à main d’homme. Il en reste encore quelques uns en fonctionnement dont le plus connu est le « public well » devant le stade Louis-Vanterpool. Ce sont ces puits qui ont permis la pratique d’une culture vivrière importante pendant plusieurs siècles. C’est à ces puits qu’on faisait boire les animaux d’élevage. Certains propriétaires creusaient des petits bassins qui conservaient de l’eau pendant plusieurs mois en fonction des saisons.
Plus récemment des forages ont été réalisés avec un matériel spécialisé.
On sait depuis longtemps que d’importantes nappes phréatiques existent dans plusieurs endroit de l’île, en particulier dans le secteur de Spring-Concordia. Le « Public well », le puits situé dans la cour de l’ancienne gendarmerie de Marigot et celui situé à l’entrée de Friars Bay, sont là pour en témoigner. Quelques personnes entreprenantes ne s’y sont pas trompés et ont entrepris d’exploiter l’eau qui dort dans le sous sol des terrains dont ils sont propriétaires.
Puis est arrivée la « crise des bromates » dans l’eau courante… interdiction est faite de consommer cette eau là.
Dans le même temps, comme par hasard, tous les vendeurs locaux « d’eau embouteillée tirée de leur sous sol » se voient interdire de commercialiser leur produit, pour des raisons administratives… favorisant ainsi les importateurs d’eau en bouteille.
Et il vrai que la réglementation qui permet ces fermetures existe.
Titre VI
« RÉGIME DOMANIAL DES EAUX
« Chapitre unique
« Art. L. 5361-1.-Sous réserve des droits régulièrement acquis par les usagers et propriétaires riverains à la date du 6 avril 1948 et validés avant le 6 avril 1953 :
« 1° Les sources et, par dérogation à l’article 552 du code civil, les eaux souterraines font partie du domaine public de l’Etat ;
Encore plus étrange…
Le code minier.
Il faut savoir qu’en France, un propriétaire possède un terrain et son sous-sol sauf dans le cas, prévu par le Code minier en 1810, où des ressources minières ou pétrolifères se trouvent dans ce sous-sol, auquel cas elles appartiennent à l’Etat français et plus au propriétaire du terrain. « L’autorisation ministérielle se présente sous la forme d’un titre minier : concession, permis d’exploitation (disparu aujourd’hui, sauf dans les DOM).
Parce que, en France…
Article 552
La propriété du sol emporte la propriété du dessus et du dessous.
Le propriétaire peut faire au-dessus toutes les plantations et constructions qu’il juge à propos, sauf les exceptions établies au titre » Des servitudes ou services fonciers « . Il peut faire au-dessous toutes les constructions et fouilles qu’il jugera à propos, et tirer de ces fouilles tous les produits qu’elles peuvent fournir, sauf les modifications résultant des lois et règlements relatifs aux mines, et des lois et règlements de police.
En d’autres termes, l’eau du sous sol appartient au propriétaire du terrain en France, mais en Outre-mer français, il appartient à l’Etat.
Il convient alors, de transférer ce domaine de l’Etat à la COM, dans le même esprit que les 50 pas du roi ont été transférés… me semble-t-il. Il est plus que temps d’améliorer notre loi organique, sur ce sujet et sur bien d’autres.
L’interdépendance restera toujours une réalité incontournable, mais on ne peut rêver d’un certain niveau d’indépendance que si on arrive a atteindre une plus grande « moins dépendance » alimentaire